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Frontiere Interdite Page 2
Frontiere Interdite Read online
Page 2
— Thomas Carson, propriétaire de la marque de l'Etrier Barré enregistrée il y a deux ans, si j'ai bonne mémoire, trente-cinq ans environ, cheveux noirs, yeux bleus, cicatrice sur la main gauche...
L'homme qui s'était accroupi poussa un cri de triomphe.
— Yipppi ! C'est lui !
Le shérif replia soigneusement le télégramme :
— C'est bon. Je vous arrête pour le meurtre de Jason Weatherby. Debout !
— Vous n'avez pas le droit de m'arrêter au Mexique, protesta Carson, tout en sachant fort bien que c'était inutile.
Il s'appliqua à ne faire aucun geste brusque. Deux des hommes sellèrent le cheval du mineur et le troisième fouilla le sac; ne trouvant pas d'argent, il le vida complètement sur le sol, puis il donna un coup de pied écœuré dans le contenu dispersé.
— Y a rien.
— A poil, ordonna le shérif.
Carson se leva et se déshabilla, en lançant au fur et à mesure chacun de ses vêtements au shérif. Il ne portait pas de ceinture à poches, et il n'y avait rien dans celles de son pantalon et de sa veste.
__Fauché, bougonna le shérif.
__Merde, s'exclama l'homme accroupi en se redressant.
__Ça va, rhabille-toi, fit le shérif.
Ils lièrent les mains de Carson au pommeau de la selle, et ses chevilles à l'aide d'une corde passant sous le ventre du cheval.
— T'as de la veine, déclara Bearclaw. Si c'était que de moi, je te laisserais aux Apaches. Ils te cloueraient par terre les bras en croix et les squaws te feraient ta fête. Et nous, qu'est-ce qu'on va faire ? Te coller sur ton cheval sous une bonne grosse branche et lui flanquer une claque sur la croupe. Ça dure pas une minute. T'as de la chance que King Fisher soit civilisé. Alors, messieurs, on y va ?
Pendant les trois jours que dura le voyage de retour, Carson ne dit pas un mot. Il ne pouvait pas soudoyer ses ravisseurs ni leur promettre de l'argent, ils savaient qu'il n'avait rien. Et, escorté par un shérif, il ne pouvait pas réclamer la protection de la police dans les petites villes qu'ils traversaient, où les gamins, le voyant ligoté et tête nue, galopaient à côté de la petite troupe en braillant :
— Qu'est-ce qu'il a fait, dites ?
D'énormes cloques se formèrent sur sa nuque. A midi, on aurait dit que le soleil enflait et remplissait le ciel qui devenait une immense fournaise. Les hommes du shérif ne lui donnaient pratiquement rien à boire et dans un sens c'était une bénédiction parce qu'il ne pensait plus qu'à emplir sa bouche d'eau et se souciait de moins en moins de l'exécution qui l'attendait. Bearclaw portait de magnifiques éperons mexicains et leur tintement rappelait à Carson les clochettes des traîneaux et la première neige de l'hiver. Ce qui augmentait encore sa soif. Il se mit à haïr ces éperons plus farouchement que ses ravisseurs qui s'efforçaient de l'irriter en renversant exprès l'eau de leurs bidons quand ils buvaient. Il pouvait au moins se défendre en fermant les yeux. Une fois, Bearclaw lui jeta de l'eau à la figure. Carson sursauta, ouvrit les yeux et lécha les quelques gouttes restées accrochées à ses lèvres. Il imaginait une vengeance : il ferait fondre les éperons d'argent, il attendrait que Bearclaw réclame à boire, et il verserait l'argent fondu dans sa bouche béante. Mais auparavant, il l'attacherait solidement à un pieu près d'un ruisseau de montagne pour qu'il puisse entendre le courant cascader sur les pierres plates, et voir les truites curieuses le regarder en ouvrant la bouche et s'abreuver inlassablement à l'eau qui descendait des lointaines Rocheuses.
Le dernier matin, Bearclaw alluma cinq feux alignés et jeta sur les flammes des herbes humides. Cinq colonnes d'épaisse fumée grise s'élevèrent dans l'air calme. Carson comprit ce que cela signifiait : ils étaient quatre hommes au départ, cinq au retour.
— King Fisher va te préparer un beau lopin de terre bien à toi, dit Bearclaw. Et ça te coûtera pas un rond.
Lorsque Carson revit l'écriteau de King Fisher, le soleil commençait à baisser et son visage était brûlé à vif sous une barbe de huit jours. Une des cloques de sa nuque avait percé ; ses pieds nus étaient enflés comme sa langue. Sur les barbelés entourant le point d'eau, plusieurs vautours étaient perchés. Ils s'envolèrent lourdement au passage des hommes en tordant leur long cou pelé. Derrière la cabane, le squelette d'un cheval luisait au soleil. Carson se détourna.
— J'ai demandé si je pouvais te tuer quand je te rattraperais ; King Fisher a dit non, déclara Bearclaw. Il a dit comme ça qu'il voulait que tout soit bien légal. Et qu'il voulait te voir. Vivant.
Il ouvrit son couteau, se pencha et trancha la corde retenant les chevilles de Carson, puis celle qui liait ses mains au pommeau, qu'il remplaça par des menottes. Cela fait, il donna une violente poussée. Carson exécuta un vol plané et atterrit le nez dans la poussière sans le moindre gémissement.
— Debout ! gronda Bearclaw. Carson se mit à genoux et se releva.
— Il te verra vivant, mais tout juste ! On va faire la dernière lieue en grand style, mais ça va pas te plaire !
Il déroula son lasso et en attacha une extrémité aux menottes, puis il poussa son cheval au petit trot. Au bout de cinq mètres, Carson trébucha contre une racine. Bearclaw le releva en tirant sur le lasso et repartit. Après avoir recommencé la manœuvre à plusieurs reprises, il ralentit l'allure à contrecœur.
Au bout de trois quarts d'heure, Carson ne sentait plus ses pieds, qui lui faisaient l'effet de deux gros oreillers bourrés de plumes, incapables de marcher, qu'un rien déchirait, et qui le soutenaient à peine.
Il haletait comme un chien. Sa langue lui paraissait énorme et il avançait machinalement dans un océan de broussailles desséchées et de poussière grise.
Le petit groupe s'arrêta enfin au sommet d'une colline. A leurs pieds, s'étendait le ranch de King Fisher, une forteresse de pisé construite autour d'un vaste patio où croissaient des chênes verts et deux vieux peupliers. Sous le toit plat, on distinguait des meurtrières, à un mètre cinquante d'intervalle les unes des autres. Au coin du bâtiment le plus proche de la petite rivière qui serpentait dans la vallée, se dressait une tour de guet immense, également couronnée de meurtrières. Plusieurs chevaux sellés paissaient parmi les tournesols rabougris poussant entre la maison et la rivière, et les collines environnantes étaient couvertes de riches pâturages. A mi-pente, de celle où ils se trouvaient, il y avait un petit cimetière. Dans le fond, Carson vit une tombe récente flanquée d'une fosse béante. — Ils ont vu ma fumée, pas de doute, dit Bearclaw.
Carson respirait péniblement, la sueur salée lui piquait les yeux. Il leva ses mains liées pour s'essuyer mais Bearclaw tira sur le lasso. Carson s'étala de tout son long. — Cette fosse a l’air un brin trop petite, pas vrai, monsieur Carson ? Mais ça vous fera rien si je vous plie en deux, hein ?
— Vous auriez assez de cran pour ça, dit Carson.
C'était les premiers mots qu'il prononçait depuis trois jours et sa langue lui fit l'effet d'un corps étranger. Bearclaw rougit et les autres pouffèrent. Carson fut brutalement relevé. En longeant l'autre extrémité du cimetière, il constata que la plupart des tombes étaient marquées par de simples planches qui portaient le nom de cow-boys tués par des Apaches, un cheval ou une balle perdue. Sur une stèle de bois plus ouvragée que les autres, une inscription : julia morgan fisher 1849-1875. A côté, il y en avait une plus haute encore, en marbre. Carson put lire : Andrew haskell fisher 1871-1875. Les enfants sont un héritage du Seigneur.
Bearclaw éperonna son cheval qui partit au trot allongé. Tandis que Carson était tiré et traîné jusqu'à la maison, une seule pensée l'obsédait : trouver une arme. Son unique crainte était que Bearclaw eût serré les menottes si fortement que ses doigts engourdis s'avèrent incapables de tenir un pistolet. Mais c'était un risque qu'il lui faudrait courir.
IV
Dans la pénombre de la maison, Carson entendait un grincement régulier. Le bruit venait d'une masse cylindrique oscillante, située au fond de la pièce. Le soleil filtrant par les meurtrières projetait des rais de lumi�
�re sur le plancher. Le parquet de chêne était lisse et frais sous ses pieds en sang.
Quand ses yeux se furent accoutumés à la demi-obscurité, il s'aperçut que la masse oscillante était un hamac du Yucatan, suspendu à deux des poutres transversales. Un ceinturon portant un 45 pendait à un clou planté dans un des montants. Au respect que tous les hommes témoignaient à ce hamac, Carson comprit que King Fisher s'y balançait. Une botte apparut et donna une poussée sur le plancher. Le rythme des grincements s'accéléra. La botte resta sur le sol, en équilibre sur l'éperon dont la molette roulait d'avant en arrière. Les marques profondes du plancher révélaient que c'était une vieille habitude.
Une voix grave et calme monta du hamac. Bearclaw se précipita pour allumer le cigare que King Fisher portait à sa bouche. La main était forte, basanée, ornée d'un large anneau d'or tout simple à l'annulaire ; le petit doigt avait été arraché par une balle au cours d'un duel. Un nuage de fumée s'éleva vers le plafond. King Fisher croisa les mains sous sa nuque et considéra le prisonnier. Carson lui donna un peu plus de quarante ans. Il avait de larges épaules, le visage glabre et portait une chemise blanche immaculée boutonnée au cou par un bouton de col en or sur lequel était gravée une minuscule rose.
Carson porta son regard ailleurs. La pièce était immense, au moins trente mètres de long sur huit ou neuf de large. Le long des murs s'alignaient plusieurs couchettes garnies de peaux de bisons où des hommes se vautraient. D'épaisses couvertures Navajo recouvraient une partie du plancher. Il y avait huit poutres transversales, taillées à la main un millier d'années plus tôt ; King Fisher les avait extraites de demeures troglodytes de l'extrême nord du pays Navajo et les avait transportées dans le Sud quand il avait bâti sa demeure. A chacune de ces poutres, pendait une énorme lampe à pétrole en bronze. De part et d'autre de la porte de chêne massif se dressait un râtelier ; chacun d'eux contenait quinze Winchester.
— Alors, t'as bien tout reluqué ? grommela Bearclaw. T'as jeté un œil aux chariots, là dehors ?
Carson les avait vus. Il savait pourquoi ils étaient là : pour le pendre. Deux chariots avaient été réunis par leurs roues avant, pour les empêcher de se séparer. Les deux timons étaient relevés à la verticale et solidement attachés. Ce système servait de gibet quand on n'avait pas d'arbre à portée de la main. Mais il y avait un grand peuplier dans le patio, avec une bonne grosse branche horizontale à quatre mètres cinquante du sol, idéale pour une pendaison. Carson se demandait pourquoi ils avaient préparé les chariots quand il entendit deux hommes chuchoter derrière lui :
— Comment que ça se fait qu'il se sert pas de cet arbre-là ? demandait l'un.
— Depuis que son petit est mort, le cousin King Fisher s'en sert plus, répondit l'autre.
— Pourquoi ?
— Parce que c'était là qu'il avait sa balançoire.
— Ah, fit respectueusement le premier.
— La dernière fois qu'on a pendu quelqu'un, plastronnait Bearclaw, on l'a laissé là huit jours. Je suis passé devant, j'aurais pu jurer que son cou mesurait un mètre de long. Toi...
La main de King Fisher se leva légèrement, la paume en avant. Bearclaw se tut aussi brusquement que si cette grosse main brune s'était plaquée sur sa bouche.
— Pourquoi tu as tué le vieux ? demanda King Fisher.
Sa voix était douce, agréable.
— Je lui ai demandé de l'eau pour mon bétail. Il n'a pas voulu m'en donner, ni m'en vendre. Il s'est mis en colère et il a fini par braquer ce fusil sur moi ; mais j'ai été un brin plus rapide que lui.
— Nous raconte pas de conneries ! gronda Bearclaw.
— Très bien, dit Carson. Vous voulez vraiment savoir pourquoi je l'ai tué? Il sentait mauvais.
Un sourd murmure amusé monta du hamac qui frémit. L'autre botte apparut. King Fisher s'assit, écarta les bras pour tendre le hamac et pouvoir s'y adosser.
— Et con avec ça ! déclara-t-il. Un type armé d'un fusil à deux canons qui se laisse tuer par un vieux petit colt? Déshonorant. Pas de doute, j'ai honte d'être le parent d'un con pareil.
Il souffla de la fumée vers le plafond, se claqua la cuisse et grommela :
— Un con... Otez-lui ses menottes. Et qu'on lui donne de l'eau.
A contrecœur, Bearclaw tira une clef de sa poche. Les chairs étaient si enflées autour des bracelets de fer qu'il eut du mal à glisser la clef dans la serrure. Personne ne fit un geste pour apporter de l'eau. Carson regarda ses doigts ; il ne les sentait plus, ils pendaient mollement, comme des petites bananes.
Près de lui, un jeunot émacié était vautré sur une des peaux de bisons, les jambes allongées, les chevilles croisées, le sombrero baissé sur le nez. Il sifflotait affreusement faux. C'était un de ceux qui avaient capturé Carson.
— Archie ! lança sèchement King Fisher.
Le garçon se leva d'un air rageur et alla plonger un quart en fer-blanc dans une énorme olla de terre cuite accrochée à un clou. Les jambes de Carson tremblaient et il devait faire des efforts surhumains pour se raidir, afin que personne ne s'imagine qu'il perdait son sang-froid. Bearclaw l'observait, les pouces passes dans son ceinturon. Un rayon de soleil traçait une barre en travers de son gros ventre. Carson regarda le 45 accroché au clou : la crosse était en ébène, ornée d'incrustations d'argent représentant un carreau, un cœur, un pique et un trèfle.
Archie s'approcha avec la tasse d'eau. Carson savait que le garçon aurait préféré la lui jeter à la tête et malgré sa figure écorchée et brûlée de soleil, malgré ses lèvres craquelées, il sourit ironiquement. Il dut prendre le quart à deux mains et ses doigts lui obéirent difficilement quand il leur ordonna de se refermer sur le métal.
— Tu te prends pour un mec, hein ? grogna Archie en regardant les pieds de Carson. Ça t'a plu, la petite balade ?
Carson but quelques gorgées avant de répondre :
— Ça m'aurait peut-être plu si t'avais été plus joli.
King Fisher éclata de rire et se claqua la cuisse.
— Ça va, Archie, va te rasseoir. Tu l'as cherché, tu l'as eu. Sûr que ça me déplairait vachement de me trouver enfermé avec toi pour l'hiver...
Il aspira profondément et souffla la fumée vers les guirlandes de piments rouges accrochées au plafond.
Carson suivit des yeux les volutes tandis qu'Archie allait se rasseoir sur ses fourrures en grommelant.
— Très bien, reprit King Fisher. Monsieur Carson, vous vouliez mon eau, et maintenant vous allez la payer. On va d'abord faire votre procès, avec un jury. N'ayez pas l'air si étonné. Je respecte la loi. Va chercher le livre, Archie.
Archie décroisa ses jambes de mauvaise grâce et alla chercher une petite Bible posée sur une vieille commode espagnole.
— Pour commencer, faut qu'on fasse prêter serment aux jurés. Shérif, à toi.
Bearclaw compta les hommes présents. Ils étaient huit. Il sortit et ramena quatre de ceux qui étaient accroupis dehors. Ils ôtèrent leur chapeau. Ils n'étaient pas de la famille. Un vieillard à cheveux blancs fit prêter serment à tout le monde.
— J'ai pas idée que tout ça soit légal, observa Carson.
Le vieux se retourna, furieux.
— Vous croyez à la Bible, étranger ?
— Bien sûr, mais ce n'est pas...
— Alors, ne vous moquez pas de la parole du Seigneur !
Il fit le tour des hommes. Archie n'ôta pas son chapeau. Il resta vautré sur le dos, occupé à charger son colt. Quand le vieux se tourna vers lui, il avait vidé le barillet dans sa main et il essuyait chaque cartouche sur son jean. Le vieux présenta la Bible. Archie bâilla, fit passer le colt dans sa main gauche et posa nonchalamment la droite sur le livre. Le vieux recula vivement.
— Espèce de petit gredin ! Tu vas ranger cette ferraille, te lever et te découvrir comme un qui craint le Seigneur, sinon je te ferai pas juré !
— Je veux pas être juré, marmonna Archie. Et d'abord, pourquoi on le pend pas tout de suite ? A quoi ça sert, ces magnes ?
/> — Tu vas prêter serment, Archie, ordonna King Fisher. Nous devons à notre hôte un minimum de courtoisie. Alors pose ton jouet et lève-toi comme un bon garçon, et fais ce que l'oncle Asa te dit. Compris, petit?
— J'essuyais la graisse de mes cartouches.
— L'oncle Asa est ici depuis l'an un. Y a que les montagnes qu'étaient là avant lui. Quand il te dit quelque chose, tu obéis.
— J'avais mis trop de graisse sur mes cartouches, bougonna encore Archie.
Mais il s'exécuta. L'oncle Asa le fit jurer sur la Bible. Quand il eut fini, King Fisher s'adressa à Carson.
— Le jury a prêté serment. Vous voulez un avocat ? Choisissez n'importe qui. Moi, si vous voulez. Ou l'oncle Asa, seulement faut que je vous prévienne, c'est son frère que vous avez tué. Mais si je lui ordonne d'être votre avocat, il vous défendra.
Carson voulait gagner suffisamment de temps pour lui permettre de retrouver l'usage de ses mains. Il se trouvait à mi-chemin entre le colt d'Archie et le ceinturon accroché au mur. Mais ce serait stupide de s'emparer d'une arme qu'il ne pourrait tenir. Il plia ses doigts, aussi discrètement que possible, et répliqua :
— Je veux que mon procès ait lieu au chef-lieu. Carson s'attendait à l'éclat de rire de King Fisher, qui se recoucha dans le hamac et se remit à se balancer.
— Ça serait vraiment pas commode pour personne. Juste au moment où on doit compter nos bêtes. Et si on arrivait à réunir assez de jurés, ils seraient quand même tous de la famille, ou plus ou moins sous ma coupe, alors vous ne seriez pas jugé impartialement. Ou bien vous auriez un jury composé de gens pas recommandables, de ceux qui sont capables de mettre leur marque sur tout ce qui possède une peau, du tambourin au bison. Et quand des gars comme ça siègent dans un jury, ils font de drôles d'efforts pour montrer qu'ils réprouvent les citoyens qui s'amusent à couper des barbelés et à tuer de pauvres vieux sans défense. Alors, quelle justice ils vous accorderaient, hein ? Et puis ils vous en feraient baver en vous pendant, vu qu'ils ont pas d'expérience. Donc, on va gagner du temps, et épargner au canton les frais d'un procès. Parce que ces messieurs que voilà ne veulent pas se faire payer pour siéger. Ils veulent économiser l'argent du canton. Alors, qui vous voulez comme avocat ?